Reboisement

Le reboisement : une pseudo-solution

Êtes-vous de ceux qui ont été dupés par la tendance virale sur Instagram plus tôt cette semaine promettant de planter un arbre pour chaque photo d’animal de compagnie partagée sur la plateforme? Si oui, vous êtes loin d’être seul, puisqu’en moins de 24 heures, plus de 4 millions de personnes avaient fait de même. C’est dire que la reforestation est à la mode! En plantant des arbres par milliers, beaucoup d’associations, d’entreprises et d’institutions affirment lutter contre les changements climatiques. Mais est-ce vraiment le cas? Collectif Bois s’est interrogé sur le sujet. 

 

Panacée aux maux de la Terre

Encouragés par les études scientifiques glorifiant le rôle des arbres dans la capture du CO2, de nombreux acteurs se sont récemment lancés dans de grands plans de reboisement. Si ces projets de plantation peu coûteux et relativement faciles à mettre en œuvre font bonne figure, le reboisement des forêts publiques et privées n’est pas pour autant une solution miracle. Tirer la conclusion hâtive que les arbres représentent une réponse simple et efficace aux changements climatiques pose un certain nombre de limites.

 

Une fausse bonne idée

D’abord, pendant leurs vingt premières années, les arbres sont trop jeunes pour fixer du carbone. Ce sont les arbres les plus massifs, ceux dont les anneaux de croissance sont les plus larges, qui séquestrent une quantité  appréciable de carbone. Autrement dit, il faut attendre plus d’un siècle pour que le reboisement participe activement à la lutte aux changements climatiques. Or, tous s’entendent pour dire qu’il faut agir maintenant pour sauver la planète. Tristement, un arbre planté aujourd’hui n’équivaut pas à une variété centenaire dans une forêt primaire, n’éponge pas aussi bien le CO2 et, en somme, ne permet pas dans l’immédiat de limiter la hausse des températures.

 

Sauver la face ou sauver les forêts ?

Une deuxième problématique concernant le reboisement massif prend racine dans la logique dite de « compensation ». Planter dans un esprit de réparation peut être grandement utile, mais, trop souvent, c’est l’idée d’une compensation carbone qui prime chez les pollueurs. Or, contrebalancer ses propres émissions par la plantation d’arbre est nettement insuffisant et trop souvent cette stratégie est mise en application sans réel discernement. Dans bien des cas, les projets de reboisement sont refilés à des tiers (souvent) invisibles, soumis à très peu de mesures législatives et opérant dans des pays éloignés.

 

Planter, oui, mais pas n’importe où, n’importe quoi, n’importe comment

Dans l’urgence de « verdir » leur image, les acteurs qui surfent sur ​​des programmes de plantation négligent souvent des éléments importants de la planification. Or, planter pour séquestrer n’a rien de simple et un reboisement mal réfléchi peut mener à des dommages substantiels pour les écosystèmes et procurer un avantage pratiquement nul, voire négatif, dans la lutte aux changements climatiques. 

Plantés en monoculture ou au mauvais endroit, notamment là où ils sont naturellement rares, les arbres peuvent devenir un instrument contre-productif, voire dangereux. Une variété inflammable plantée à l’aveugle peut, par exemple, être à l’origine d’incendies majeurs. Si l’on veut maximiser les chances de survie des arbres et s’assurer que les plantations puissent jouer un rôle utile dans la lutte contre les changements climatiques, il est primordial de prendre en considération une foule de facteurs géographiques, météorologiques et écosystémiques. 

Sachant que les jeunes arbres sont particulièrement vulnérables aux maladies, aux insectes, aux risques naturels et à la concurrence pour la lumière et les nutriments, il faut les gérer avec rigueur et à long terme. Le suivi est, en ce sens, une étape aussi, sinon plus, importante que la planification. 

 

Conclusion? Reboiser en masse, oui, mais pas uniquement

Au-delà d’une plantation d’arbre effectuée avec soin, il faut en priorité stopper la déforestation et diminuer drastiquement les émissions de CO2 à la source. Placer tous nos espoirs sur les arbres et leur fonction de puits de carbone plutôt que de remettre nos propres activités en question, c’est leur demander beaucoup trop. Il faudra faire un peu plus pour l’environnement que publier une photo de nos amis poilus.

 

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